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La dégradation de Fitch sur la note de la France : pourquoi l’impact sur les prêts immobiliers restera (très) modéré

Le 12 septembre 2025, l’agence Fitch Ratings a abaissé la note souveraine de la France de AA- à A+, avec perspective stable. Sur le papier, c’est un événement : une signature centrale de la zone euro est rétrogradée dans un contexte de dette élevée, de déficit public encore important et d’incertitudes politiques. Dans la foulée, plusieurs médias internationaux ont relayé la décision et ses motivations (dynamique de dette, trajectoire budgétaire, contexte politique).

Faut-il en conclure que vos taux immobiliers vont remonter ? En réalité, pas vraiment. Les données de septembre 2025 montrent un marché du crédit stabilisé autour de 3–3,3 % sur 15 à 25 ans, des taux longs français (OAT/TEC10) qui ne s’envolent pas, et une BCE qui maintient son taux de dépôt à 2,0 %. En clair : la dégradation est un signal macro-financier, mais son effet sur les prêts immobiliers reste marginal par rapport aux vrais moteurs (BCE, concurrence bancaire, dynamique des OAT).

1) Ce que Fitch a exactement changé — et pourquoi

  • La décision : le 12 septembre 2025, Fitch abaisse la note de la France de AA- à A+, perspective stable. L’agence met en avant la hausse de la dette et la difficulté à réduire les déficits tout en absorbant de futurs chocs, ainsi que le contexte politique qui complique l’ajustement budgétaire.
  • Le cadrage macro : Fitch projette un déficit 2025 autour de 5,5 % du PIB (gouvernement : 5,4 %), après 5,8 % en 2024 — bref, une amélioration trop lente au regard du niveau de dette.
  • L’environnement politique : la décision intervient alors que la scène politique est fragmentée et que l’exécutif cherche une trajectoire budgétaire crédible ; ce contexte a été souligné dans la couverture presse liée à la dégradation.

À retenir : Fitch signale un risque budgétaire et institutionnel plus élevé qu’auparavant, sans pour autant basculer dans un scénario d’instabilité financière aiguë. La perspective stable confirme l’idée d’un risque accru mais contenu.

2) La réaction des marchés : les taux d’État n’ont pas « décroché »

Si la dégradation devait « choquer » les investisseurs, le premier symptôme serait un saut des rendements de l’État français (OAT 10 ans). Or, en septembre 2025, l’indice TEC10 (référence publiée par l’Agence France Trésor) évolue autour de 3,44 % au 12/09, en baisse par rapport au début du mois (3,62 % le 03/09). On est loin d’un emballement : la réaction a été mesurée, voire indifférente.

Les agrégateurs de données marchés montrent la même photographie : rendement 10 ans autour de 3,44–3,50 % en milieu de mois. Autrement dit, pas de stress sur la courbe française après la décision.

Pourquoi c’est important pour l’immobilier ? Parce que le coût de la ressource à long terme (OAT/swap) ancre le prix auquel les banques peuvent prêter. Pas de flambée sur les OAT = pas de choc mécanique sur les taux immobiliers.

3) Le vrai pilote des crédits immo en septembre 2025 : la BCE et la concurrence bancaire

Le 11 septembre 2025, la BCE a laissé ses taux inchangés, maintenant un taux de dépôt à 2,0 % et un taux refi à 2,15 %. Le message reste « dépendant des données », sans pré-engagement, avec des voix au Conseil (dont le gouverneur de la Banque de France) n’excluant pas de poursuivre les baisses si les conditions le justifient dans les prochains mois. Cette posture « attendre et voir » stabilise les conditions monétaires.

Conséquence pratique : les banques françaises, qui avaient fortement resserré le robinet en 2024, ont rouvert plus activement le crédit en 2025, dans un environnement de taux plus bas qu’en début 2024 et avec des objectifs commerciaux de rentrée. C’est ce mix BCE + concurrence qui pèse le plus sur vos taux — bien davantage qu’un cran de notation chez Fitch.

4) Où en sont les taux immobiliers en septembre 2025 ?

Plusieurs baromètres publiés ce mois-ci convergent :

  • CAFPI (septembre 2025) : repères autour de 2,92 % (10 ans), 3,09 % (15 ans), 3,17 % (20 ans), 3,29 % (25 ans).
  • Meilleurtaux (mis à jour le 2 septembre 2025) : 3,17 % (15 ans), 3,22 % (20 ans), 3,35 % (25 ans), avec des décotes possibles selon profils/régions.
  • Fédération de courtage (septembre 2025) : fourchettes usuelles observées : 3,25–3,40 % (15 ans), 3,35–3,50 % (20 ans), 3,50–3,70 % (>20 ans).

Après la forte remontée de 2024, les taux se sont stabilisés depuis le printemps 2025, avec une rentrée qui n’accélère ni à la hausse ni à la baisse. La dégradation de Fitch n’a pas déformé ce paysage mi-septembre.

5) Chaîne de transmission : comment (théoriquement) un abaissement de note peut toucher vos taux

En théorie, une dégradation souveraine peut :

  1. Hausser la prime de risque des obligations d’État →
  2. Renchérir le coût de financement des banques (via swaps/OAT) →
  3. Pousser légèrement à la hausse les barèmes des prêts immobiliers.

Mais deux conditions doivent être réunies pour un impact tangible :

  • un mouvement durable et significatif des taux longs (OAT/swap),
  • et/ou un resserrement simultané de la politique monétaire (BCE) ou des marges bancaires.

Or, en septembre 2025, on n’observe ni flambée des OAT, ni durcissement de la BCE, ni resserrement brutal des barèmes : les taux de crédit tiennent dans une fourchette étroite, cohérente avec les repères publiés par les courtiers.

6) Chiffrer « l’effet Fitch » : de l’ordre de quelques euros par mois

Prenons un emprunt de 300 000 € sur 20 ans.

  • À 3,20 %, la mensualité est d’environ 1 694 € ;
  • À 3,30 % (soit +10 points de base), elle passe à ≈ 1 709 € ; → Surcoût ≈ 15 €/mois.

Sur 25 ans, 3,29 % → 3,39 % ajoute ≈ 16 €/mois. Autrement dit, même si la dégradation ajoutait 10–25 pdb aux barèmes (ce que rien n’indique à ce stade), l’effet reste limité et absorbable par la négociation, l’apport ou une légère modulation de durée.

Le signal Fitch est macro-financier. Votre taux dépend d’abord de votre profil, de la concurrence entre banques, de la durée et de la politique BCE.

7) Et si d’autres agences suivaient ?

Le scénario « à surveiller » n’est pas tant Fitch isolément que la convergence d’autres agences (S&P, Moody’s). La presse économique note d’ailleurs que si d’autres dégradations survenaient, certains investisseurs « contraints » pourraient réallouer leurs portefeuilles, ce qui élargirait les primes de risque. Mais à date (mi-septembre), il s’agit d’un risque conditionnel, pas d’un fait.

8) Ce que disent les indicateurs à la mi-septembre 2025

  • Fitch a abaissé la note de la France à A+ le 12/09 (perspective stable).
  • Les OAT 10 ans/TEC10 évoluent autour de 3,44–3,50 %, sans stress post-annonce.
  • La BCE maintient sa facilité de dépôt à 2,0 % et n’exclut pas de nouvelles baisses « si nécessaire ».
  • Les taux immo de septembre se lisent ≈ 3,1–3,3 % selon maturités (15–25 ans), avec écarts selon dossier et région.

Lécosystème de financement français tient. Il n’y a ni emballement des taux longs, ni resserrement du canal BCE, ni coup de frein soudain des banques.

9) Conseils concrets pour emprunteurs et investisseurs (septembre 2025)

  1. Focalisez-vous sur la BCE et la courbe (OAT/TEC10), pas sur la seule note Fitch. En septembre, ces deux cadrans n’envoient pas de signal de tension.
  2. Multipliez les mises en concurrence : les « décotes » par rapport aux barèmes publics restent possibles (profils solides, bons apports, sécurisation des revenus).
  3. Soignez le dossier : stabilité pro, taux d’endettement, reste à vivre. Sur 2025, les banques se sont ré-activées et la rentrée confirme cette reprise sans emballement.
  4. Fixe long vs. mixte : la France reste un marché de taux fixes de long terme, ce qui isole votre mensualité d’à-coups de marché.
  5. Anticipez les scénarios : si les taux venaient à baisser encore (scénario BCE accommodante), un rachat de crédit ultérieur peut optimiser le coût total. À l’inverse, si un stress « multi-agences » survenait, verrouiller un taux maintenant limite le risque.

10) Pour les propriétaires et vendeurs : lecture « marché »

  • Demande solvable : avec des taux logés autour de 3–3,3 %, la capacité d’emprunt est meilleure qu’au pic 2024 et les dossiers aboutissent à nouveau, sans effacer totalement la perte de pouvoir d’achat.
  • Prime d’adresse : les secteurs bien desservis, au DPE correct et sans travaux lourds continuent de mieux résister.
  • Stratégie de vente : l’environnement 2025 reste un marché d’ajustement ; un prix réaliste et une préparation technique (diagnostics, charges, travaux) font la différence.

11) FAQ éclair express

Q. La dégradation de Fitch fait-elle remonter immédiatement les taux immobiliers ?

R. Non. En septembre 2025, aucun signe de poussée des OAT/TEC10 ni de durcissement BCE. Les baromètres de taux restent stables.

Q. Peut-on voir un effet « retard » d’ici quelques semaines ?

R. Possible si d’autres agences suivaient et si les OAT s’écartaient franchement. Ce n’est pas le cas au 15/09.

Q. Combien « coûte » 10 pdb de plus sur ma mensualité ?

R. Pour 300 000 € sur 20 ans, ≈ +15 €/mois. Effet très contenu.

Conclusion

La dégradation de Fitch à A+ (12/09/2025) est un rappel : la France doit stabiliser ses finances publiques et renforcer sa crédibilité budgétaire. Mais sur le terrain du crédit immobilier, septembre 2025 raconte une autre histoire : taux longs contenus, BCE immobile, baromètres stables autour de 3–3,3 % selon maturité. Autrement dit, pour les ménages et investisseurs, l’influence sur les prêts reste légère — le timing d’un achat doit davantage s’appuyer sur votre projet, votre capacité d’emprunt, et une négociation bancaire bien menée que sur un titre de presse.