Les types de parquet qu’on trouve dans les appartements parisiens : entre tradition, prestige et modernité
À Paris, le parquet n’est pas un simple revêtement de sol. C’est un marqueur d’identité architecturale, un symbole de l’histoire et du raffinement à la française. Dans un appartement haussmannien, il grince sous les pas avec élégance ; dans un loft contemporain, il reflète la lumière sur des lames larges et huilées.
De la pointe de Hongrie au chêne massif, du bâton rompu au contrecollé moderne, chaque type de parquet raconte une époque, un savoir-faire et un art de vivre. Cet article explore les différents styles de parquet présents dans les appartements parisiens, leur histoire, leurs avantages et ce qu’ils révèlent sur l’âme de chaque bien.
1. Le parquet, un héritage parisien
Avant d’être un choix esthétique, le parquet est né d’une nécessité historique.
- Au XVIIᵉ siècle, les nobles troquent les sols en pierre (froids et inhospitaliers) contre des planchers de bois décoratifs.
- Le terme parquet apparaît à la cour de France : il désigne des panneaux de bois assemblés pour former des motifs géométriques, notamment le fameux parquet de Versailles.
- Dans les immeubles haussmanniens du XIXᵉ siècle, le parquet devient un code social : chaque niveau d’immeuble a son style, plus ou moins luxueux selon la hauteur du plafond et la clientèle visée.
Aujourd’hui encore, marcher sur un parquet d’époque, c’est fouler plusieurs siècles d’histoire parisienne.
2. Le parquet à la française : raffinement et symétrie
🟫 Le principe
Le parquet à la française est reconnaissable à ses lames parallèles mais de longueurs variables, disposées de manière à ce que les joints de bout ne soient jamais alignés.
🕰️ L’origine
Typique des appartements du XVIIIᵉ et XIXᵉ siècle, il était fréquent dans les salons nobles et les grands appartements du faubourg Saint-Germain ou du Marais.
🌟 Le style aujourd’hui
Ce type de pose, discrètement sophistiqué, met en valeur les grandes pièces rectangulaires et crée une impression d’ordre et d’équilibre. Il reste prisé dans les rénovations haut de gamme où l’on souhaite conserver l’élégance classique du bâti ancien.
3. La pointe de Hongrie : l’icône haussmannienne
🟫 Le principe
Le parquet en pointe de Hongrie est sans doute le plus emblématique des intérieurs parisiens. Les lames sont coupées en biais à 45° et s’emboîtent pour former un motif en chevrons parfaitement symétrique.
🕰️ L’origine
Introduit à la fin du XIXᵉ siècle, il devient la signature du style haussmannien : on le retrouve dans les salons, chambres et galeries des immeubles bourgeois du 8ᵉ, 16ᵉ ou 7ᵉ arrondissement.
🌟 Le style aujourd’hui
Synonyme de prestige, la pointe de Hongrie traverse les époques.
- En version vernie brillante, elle conserve son allure classique.
- En chêne huilé mat, elle devient contemporaine.
Ce parquet est souvent un critère de valeur immobilière à lui seul : un plancher d’origine en bon état augmente la désirabilité — et parfois le prix — d’un appartement.
4. Le bâton rompu : le chic intemporel
🟫 Le principe
Le bâton rompu (ou herringbone en anglais) est proche de la pointe de Hongrie, mais les lames sont posées à angle droit plutôt qu’à 45°.
🕰️ L’origine
Présent dès le XVIIIᵉ siècle, il s’impose au XIXᵉ dans les appartements de standing moyen, puis se démocratise au XXᵉ siècle.
🌟 Le style aujourd’hui
Très en vogue dans les rénovations contemporaines, le bâton rompu combine classique et modernité. On le retrouve aussi bien dans les rénovations du 11ᵉ ou du 9ᵉ que dans les projets neufs haut de gamme. Son avantage ? Il s’adapte à tous les styles : du mobilier vintage au design épuré.
5. Le parquet de Versailles : noblesse et symétrie
🟫 Le principe
Formé de panneaux carrés composés de petits morceaux de bois formant des motifs géométriques, le parquet de Versailles est une œuvre d’art.
🕰️ L’origine
Créé pour le Château de Versailles au XVIIᵉ siècle, il symbolise le savoir-faire du menuisier français et la richesse décorative du Grand Siècle.
🌟 Le style aujourd’hui
Dans les appartements parisiens, il reste rare, mais on le trouve parfois dans les hôtels particuliers rénovés ou certains salons du 7ᵉ ou du 16ᵉ. C’est un choix audacieux pour les amateurs d’artisanat et d’authenticité.
6. Le parquet massif : authenticité et longévité
🟫 Le principe
Composé à 100 % de bois noble (souvent chêne), le parquet massif est le plus durable. Il peut être poncé et rénové plusieurs fois au fil des décennies.
🌟 Avantages
- Longévité exceptionnelle (plus de 100 ans possible)
- Patine naturelle avec le temps
- Valorisation patrimoniale du bien
⚠️ Inconvénients
- Coût élevé
- Pose plus complexe (clouée ou collée sur lambourdes)
- Sensibilité à l’humidité
Dans les beaux appartements anciens, le parquet massif d’origine fait partie du charme irrésistible du lieu.
7. Le parquet contrecollé : modernité et stabilité
🟫 Le principe
Le parquet contrecollé est composé de plusieurs couches :
- Une couche supérieure en bois noble,
- Un cœur en bois ou résineux,
- Et un contreparement.
🌟 Avantages
- Moins cher que le massif,
- Stable face aux variations de température,
- Compatible avec les planchers chauffants.
C’est le choix favori des rénovations contemporaines dans les immeubles anciens, où l’on recherche l’esthétique du bois sans les contraintes techniques du massif.
8. Les essences de bois les plus courantes
À Paris, le chêne règne en maître, mais il n’est pas seul.
- Chêne : le classique intemporel. Durable, lumineux, il s’adapte à toutes les teintes et finitions.
- Hêtre : plus clair, légèrement rosé, souvent utilisé dans les années 1950–70.
- Noyer : brun profond, très chic, souvent réservé à des projets haut de gamme.
- Bambou : écologique et moderne, apprécié dans les rénovations récentes.
- Exotiques (ipé, merbau, teck) : plus rares, utilisés dans les salles de bain ou pour des touches contemporaines.
Le choix de l’essence influence directement le caractère visuel et la valeur perçue du bien.
9. Les finitions : du vernis brillant au mat huilé
La finition du parquet transforme complètement l’ambiance d’un espace.
- Verni brillant : traditionnel, reflète la lumière, typique des appartements bourgeois du 7ᵉ ou du 8ᵉ.
- Satiné : compromis entre éclat et discrétion.
- Mat huilé : naturel et contemporain, met en valeur le grain du bois.
- Vieilli ou brossé : donne un effet “atelier” ou “loft”, très recherché dans le 10ᵉ, 11ᵉ et 3ᵉ arrondissements.
Chaque finition raconte un style de vie : formel, discret, ou bohème.
10. L’entretien : un investissement esthétique
Un parquet bien entretenu est un atout durable.
- Le ponçage peut redonner vie à un sol ancien.
- L’huilage régulier nourrit le bois et renforce sa teinte.
- Le vitrificateur protège des rayures dans les zones de passage.
Un beau parquet d’origine, conservé et rénové, valorise fortement un bien immobilier. Dans les transactions parisiennes, la mention “parquet ancien conservé” attire immédiatement l’œil des acheteurs — souvent plus que la cuisine ou la salle de bain.
11. Le parquet comme indicateur de standing
À Paris, le parquet est bien plus qu’un matériau : c’est un symbole de statut.
- Dans le Marais ou Saint-Germain, un parquet d’époque restauré témoigne du respect du patrimoine.
- Dans les quartiers émergents comme le 10ᵉ ou le 11ᵉ, un parquet clair en bâton rompu exprime un style urbain et contemporain.
- Dans les rénovations haut de gamme, le chêne massif huilé mat est devenu la norme.
Ainsi, le parquet participe à l’identité de chaque arrondissement et reflète l’évolution du goût parisien : du faste classique à la sobriété moderne.
12. Choisir son parquet : entre esthétique, usage et durabilité
Avant de choisir, il faut se poser trois questions :
- Quel usage ? (pièce de vie, chambre, passage intensif)
- Quel style architectural ? (ancien, contemporain, industriel)
- Quel entretien suis-je prêt à assumer ?
Le bon parquet, c’est celui qui dialogue avec l’espace. Un Haussmannien rénové mérite un bâton rompu en chêne clair. Un loft contemporain s’accorde avec de larges lames huilées. Un studio dans le 9ᵉ gagne en cachet avec un parquet flottant au ton miel.
Le parquet parisien n’est pas seulement un plancher : c’est une signature. Il incarne la continuité entre histoire et modernité, artisanat et design. Qu’il soit massif, contrecollé, en bâton rompu ou en pointe de Hongrie, il symbolise à lui seul l’art de vivre parisien : élégant, durable, et toujours en mouvement.
Pour les propriétaires et investisseurs, comprendre la typologie des parquets, c’est aussi comprendre la valeur émotionnelle et patrimoniale d’un appartement. À Paris, un beau parquet, c’est souvent le premier coup de cœur avant même la vue sur la Tour Eiffel.