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Pourquoi certains appartements ne se vendent jamais (même en plein Marais)

« En plein Marais, ça partira toujours. » C’est l’un des mythes les plus tenaces du marché parisien. Et pourtant, chaque année, des appartements restent des mois — parfois des années — sans offre exploitable. Adresse désirable, code postal premium, rue instagrammable… rien n’y fait. Pourquoi ? Parce qu’en immobilier, la valeur d’usage réelle l’emporte toujours sur la valeur d’image. Le micro-marché du Marais n’échappe pas aux fondamentaux : lumière, plan, bruit, copropriété, DPE, prix et preuves.

Ce guide décortique les 12 causes récurrentes d’un bien “invendable” (ou très lent), même au cœur du Marais, et propose pour chacune une stratégie de remédiation. Objectif : passer d’une annonce qui végète à un actif qui trouve son public.

1) Un prix “de quartier”, pas un prix “de bien”

Le symptôme Affichage calé sur une moyenne d’arrondissement ou sur un précédent flamboyant… mais sans correspondance avec les attributs du lot (étage sans ascenseur, plan à pertes, nuisances, DPE faible). Résultat : beaucoup de clics, peu de visites, néant d’offres.

Pourquoi ça bloque Les acheteurs du Marais comparent à la rue près, à l’immeuble près. La prime « adresse » n’efface pas un défaut structurel. Et les bases de données de notaires + portails rendent les écarts visibles.

Que faire

  • Comps ultra-locaux (même rue, même étage/ascenseur, même état, même DPE).
  • Positionner un prix de lancement crédible (mieux vaut créer de la concurrence que négocier une bulle).
  • Basculer sous un palier de recherche (ex. 1 005 000 → 995 000 €).

2) Étages intermédiaires sans ascenseur : l’antiprime cachée

Le symptôme 2ᵉ/3ᵉ étage sans ascenseur, cage étroite, marches hautes. De l’extérieur : carte postale ; à l’usage : fatigue et déménagements compliqués.

Pourquoi ça bloque Dans le Marais, l’acheteur cible (pied-à-terre international, couple actif) est prêt à payer… pour du confort. L’absence d’ascenseur casse la valeur perçue au-delà de 40–50 m².

Que faire

  • Assumer la décote et élargir la cible (investisseur, primo-accédant).
  • Mettre l’accent sur la valeur d’usage (lumière, calme, plan optimisé, charges basses).
  • Si discussion de pose d’ascenseur : dossier sérieux (faisabilité, devis, majorité requise), sans rien promettre.

3) Plan dysfonctionnel (m² “perdus”)

Le symptôme Couloirs longs, passages en enfilade, cuisine enclavée, pièce à vivre étriquée alors que la surface brute semble attractive.

Pourquoi ça bloque Les acheteurs comparent en m² utiles (surface « qui sert ») plus qu’en m² Carrez. Un 60 m² mal distribué « vaut moins » qu’un 50 m² chirurgical.

Que faire

  • Proposer un plan d’architecte avant/après (ou au moins un 3D meublé) pour montrer le potentiel.
  • Chiffrer une transformation légère (ouverture de cloison non porteuse, déplacement cuisine).
  • Mettre en scène (home staging) une circulation fluide et des fonctions lisibles (coin bureau, rangements).

4) Lumière et vis-à-vis : le couperet

Le symptôme Belle adresse mais cour sombre, fenêtres au nord, vis-à-vis serré. En photos, c’est « acceptable » ; en visite, l’ambiance plombe.

Pourquoi ça bloque La lumière est un critère absolu pour un pied-à-terre. Sans elle, la magie du Marais opère moins, surtout en étage bas.

Que faire

  • Shooting heure dorée, température de couleur cohérente, mesure de luminance (lux) pour objectiver.
  • Peintures mates claires, miroirs, éclairage 3 points par pièce.
  • Accentuer ce qui compense : silence, hauteur sous plafond, matériaux nobles, vue sur éléments patrimoniaux même partiels.

5) Nuisances sonores et olfactives

Le symptôme Rue vivante (bars, livraisons tôt, terrasses tard), cage d’escalier odorante (local poubelles mal ventilé), voisinage bruyant.

Pourquoi ça bloque Le Marais plaît pour son animation… mais l’acheteur exige le calme chez soi. Le grand écart est fatal si l’annonce n’est pas honnête.

Que faire

  • Mesure acoustique (dB) fenêtres ouvertes/fermées, double vitrage performant, joints et seuils.
  • Clarifier l’implantation des locaux techniques (poubelles, VMC) et les améliorations votées.
  • Orienter les visites aux créneaux significatifs (soir/week-end) : transparence = confiance.

6) Parties communes rédhibitoires

Le symptôme Cage d’escalier fatiguée, boîtes aux lettres hétéroclites, éclairage blafard, odeurs d’humidité en caves.

Pourquoi ça bloque L’entrée cadre la perception du bien. Un appartement rénové « se dévalorise » dès le rez-de-chaussée si les communs racontent une copro négligée.

Que faire

  • Proposer au conseil syndical un rafraîchissement low-cost (LED, peinture claire, signalétique).
  • Documenter les travaux récents (toiture, électricité, colonnes) et ce qui est à l’agenda.
  • Valoriser la présence d’un gardien si c’est le cas (sécurité, propreté).

7) DPE faible, confort d’été absent

Le symptôme Classe E/F, fenêtres anciennes, surchauffe estivale sous toits, ventilation aléatoire.

Pourquoi ça bloque Le DPE pèse sur le financement, le coût de détention et, pour les investisseurs, sur la location. Les acheteurs internationaux comparent ces éléments.

Que faire

  • Construire une feuille de route d’amélioration (menuiseries, calorifugeage, pilotage chauffage) avec devis et gain estimé.
  • Mettre en avant des solutions passives (stores extérieurs, volets, VMC hygro B) et, si possible, rafraîchissement urbain de quartier.
  • Adapter le prix si absence de trajectoire crédible.

8) Copropriété fragile (ou peu lisible)

Le symptôme Impayés élevés, conflits, procédures, fonds de travaux maigre, PV d’AG flous.

Pourquoi ça bloque Les acheteurs du Marais sont informés et averses au risque. Une copro opaque déclenche des offres basses… ou aucune.

Que faire

  • Dossier copro cristallin : PV 3 ans, budget, fonds de travaux, devis, calendrier d’appels.
  • Mettre en avant la gouvernance (conseil syndical actif, compte séparé, extranet).
  • Si un « mur de travaux » s’annonce : assumer maintenant dans le prix, ou attendre après réalisation pour récupérer une prime.

9) Statut d’occupation et contraintes juridiques

Le symptôme Bien actuellement loué avec bail rigide, droit d’occupation complexe, annexe non conforme à l’usage d’habitation, mezzanine hors normes, surfaces annexes non comptabilisables.

Pourquoi ça bloque Les contraintes réduisent la base d’acheteurs. Beaucoup souhaitent un bien libre et simple à financer.

Que faire

  • Clarifier par le notaire la situation (délais de congé, affectation des lots, servitudes).
  • Si bail en cours : cibler investisseurs (rendement net clair, risques, échéancier).
  • Régulariser ce qui peut l’être (usage, autorisations) avant la mise en vente.

10) Travaux “cosmétiques”… quand il faut du structurel

Le symptôme On a repeint, changé deux luminaires, mais l’électricité est ancienne, la salle d’eau fatigue, la cuisine est mal implantée.

Pourquoi ça bloque Les acheteurs du Marais aiment le clé en main. Les micro-réfections ne masquent pas l’ampleur réelle du chantier.

Que faire

  • Soit assumer la rénovation : pack plans + devis + calendrier + chiffrage précis ; publicité orientée investisseurs/architectes.
  • Soit faire le bon bouquet avant mise en vente (élec, salle d’eau, cuisine rationnelle) pour repositionner en prêt-à-habiter.

11) Histoire brouillée, annonce banale

Le symptôme Titre générique, photos ternes, pas de plan, rien sur le quartier ni sur les temps « porte à porte ».

Pourquoi ça bloque En zone hyper concurrentielle, le récit et les preuves font la différence entre deux annonces au même prix.

Que faire

  • Titre-promesse orienté bénéfice (« Dernier étage sur cour arborée, 3 min Saint-Paul »).
  • Hero shot pensé comme une affiche (lumière/vue/volume).
  • Plan 2D + 3D meublé, visite virtuelle.
  • Données objectivées : HSP, dB, lux, charges 24 mois, fonds de travaux, temps vers lignes 1/7/11.

12) Distribution restreinte (et algorithmes rancuniers)

Le symptôme Annonce en ligne depuis 60 jours, même photo de tête, un seul portail, pas de social ads, pas de base acheteurs.

Pourquoi ça bloque Les portails déclassent les annonces anciennes ; l’audience du Marais est internationale. Sans relance ni multicanal, on disparaît.

Que faire

  • Retrait 10–15 jours, nouveau pack (photos/plan/texte), nouvelle référence.
  • Multi-diffusion FR/EN, réseaux sociaux (Reels sous-titrés), emailing acheteurs/chasseurs/notaires, relais international.
  • Semaine 1 orchestrée : open house premium, réactivité < 2 h, data room complète.

En conclusion

Même en plein Marais, certains appartements ne se vendent pas… parce qu’ils ne parlent pas au bon public, au bon prix, avec les bonnes preuves. L’adresse ne compense pas un défaut structurel ni un récit pauvre. À l’inverse, un positionnement lucide, un bouquet travaux intelligent, une annonce probante et une relance multi-canal transforment un actif « bloqué » en vente solide.

La règle d’or : vendre la valeur d’usage, prouver, puis diffuser. Le reste — y compris la magie du Marais — suit.