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Vente d’un bien en succession à Paris : que faire si les autres héritiers refusent de vendre ?

Chaque année, des milliers de successions concernent des appartements ou immeubles à Paris. Or, dans cette ville où les biens sont à la fois rares et chargés d’histoire, la vente d’un bien hérité peut rapidement devenir un casse-tête lorsqu’un ou plusieurs héritiers refusent de s’en séparer.

Entre attachement sentimental, divergences financières ou mésententes familiales, les blocages sont fréquents. Pourtant, le Code civil offre des solutions claires et progressives permettant de sortir de l’impasse — à condition de comprendre les règles de l’indivision et d’agir avec méthode.

Cet article vous guide pas à pas à travers les recours possibles lorsqu’un héritier refuse de vendre un bien en succession à Paris, en expliquant les options amiables, les recours judiciaires et les stratégies à adopter pour préserver à la fois le patrimoine et les relations familiales.

1. Comprendre le cadre : qu’est-ce qu’une indivision successorale ?

Lorsqu’un bien immobilier fait partie d’une succession, il appartient à tous les héritiers en indivision, c’est-à-dire collectivement. Aucun ne peut revendiquer une partie physique du bien tant que le partage n’a pas été effectué.

⚖️ L’article 815 du Code civil

« Nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision. Le partage peut toujours être provoqué, à moins qu’il n’y ait été sursis par jugement ou convention. »

Autrement dit, personne ne peut vous forcer à rester en indivision, mais personne ne peut non plus vendre sans votre accord tant que l’indivision n’est pas levée. Chaque héritier détient une quote-part du bien, exprimée en pourcentage (par exemple, 50 % – 25 % – 25 %).

📍 Exemple concret à Paris

Trois enfants héritent d’un appartement familial à Montparnasse. L’un souhaite vendre pour acheter sa résidence principale, un autre veut conserver le bien “en souvenir”, le troisième ne se prononce pas. Résultat : blocage complet, impossibilité de vendre ou de louer sans consensus.

2. Les conséquences d’un refus de vente

❌ Vente impossible sans accord unanime

Tant que le bien n’est pas sorti de l’indivision, toute décision importante (vente, hypothèque, division, etc.) nécessite l’accord de tous les indivisaires.

⏱️ Des délais qui s’allongent

Les désaccords entraînent souvent des années d’immobilisation :

  • impossibilité de vendre,
  • charges qui continuent de courir (taxe foncière, copropriété, assurance),
  • tensions entre cohéritiers.

💸 Une perte financière potentielle

Pendant ce temps, la valeur du bien peut stagner, voire baisser, notamment si des travaux urgents ne sont pas réalisés. À Paris, où la fiscalité et l’entretien coûtent cher, chaque année d’attente représente une perte de rentabilité et un risque de dégradation du patrimoine.

3. Étape 1 : privilégier la voie amiable

Avant toute procédure, il est toujours préférable de chercher une solution à l’amiable.

🧩 1.1. Informer et valoriser le bien

Souvent, les refus de vente viennent d’un manque d’informations :

  • Certains héritiers surestiment la valeur du bien.
  • D’autres craignent de “vendre à perte”.
  • Certains ignorent les coûts d’entretien.

Faire appel à un professionnel de l’immobilier indépendant (agent, notaire, expert) pour établir une estimation objective peut rétablir la confiance. Une étude comparative de marché ou un avis de valeur officiel à Paris permet de fixer une base de discussion rationnelle.

🤝 1.2. Organiser une médiation notariale

Le notaire, en tant que tiers neutre, peut jouer un rôle de médiateur. Il peut :

  • rappeler les règles de l’indivision,
  • présenter les conséquences d’un blocage,
  • proposer un règlement amiable : vente, rachat de parts, maintien temporaire.

💬 1.3. Proposer un rachat de quote-part

Si l’un des héritiers veut conserver le bien, il peut racheter la part des autres à une valeur définie par le notaire ou un expert. C’est souvent la solution la plus rapide et la moins conflictuelle.

Exemple : un appartement haussmannien dans le 7ᵉ arrondissement estimé à 2,4 M€. Un des héritiers rachète les 50 % des autres pour 1,2 M€, via un crédit patrimonial.

4. Étape 2 : l’action judiciaire pour sortir de l’indivision

Lorsque l’accord est impossible, la loi permet d’obtenir une vente forcée du bien.

⚖️ 4.1. La procédure judiciaire de partage

Si l’un des indivisaires refuse la vente, un autre peut saisir le tribunal judiciaire de Paris pour demander :

  • la sortie d’indivision,
  • ou la licitation judiciaire (vente du bien par le tribunal).

Le juge vérifiera que la vente est dans l’intérêt de tous et ordonnera la cession publique ou la désignation d’un notaire pour la gérer.

🧾 4.2. L’article 815-5-1 du Code civil

Depuis 2009, une innovation légale permet à une majorité qualifiée des deux tiers de forcer la vente, sans passer par une unanimité complète.

Concrètement :

  • Si deux héritiers détiennent ensemble au moins 2/3 des parts,
  • Ils peuvent demander au notaire d’organiser la vente,
  • Le notaire notifie les autres indivisaires,
  • Sans opposition légitime, la vente peut avoir lieu.

Cela a grandement facilité les successions bloquées à Paris, où les indivisions familiales sont fréquentes.

🏛️ 4.3. La vente par licitation

Si le désaccord persiste, le bien peut être vendu aux enchères judiciaires. C’est la solution ultime — souvent défavorable car :

  • les prix obtenus sont en moyenne 10 à 20 % inférieurs au marché,
  • les frais sont importants,
  • et l’entente familiale est définitivement rompue.

C’est donc une option de dernier recours.

5. Étape 3 : racheter les parts des autres héritiers

💡 5.1. Le principe

Un héritier peut acheter les parts des autres pour devenir plein propriétaire du bien. Cela suppose :

  • Une estimation du bien,
  • Une convention de partage notariée,
  • Et un acte d’achat de quote-part.

🧮 5.2. Financement possible

Les banques proposent des crédits de rachat de part successorale, souvent adossés à la valeur du bien. C’est une solution intéressante pour un héritier souhaitant conserver l’appartement familial parisien tout en indemnisant les autres.

🏠 5.3. Exemple

Un frère et une sœur héritent d’un appartement à Montmartre d’une valeur de 1,2 M€. Le frère souhaite garder le bien, la sœur veut vendre. Il rachète sa part pour 600 000 €, avec un prêt sur 20 ans garanti par hypothèque.

6. Étape 4 : maintenir temporairement l’indivision

Lorsque la vente n’est pas souhaitée, les héritiers peuvent signer une convention d’indivision pour encadrer la gestion du bien.

📜 6.1. Durée

La convention dure maximum 5 ans, renouvelable.

⚙️ 6.2. Contenu

Elle fixe :

  • Les droits et obligations de chaque héritier,
  • La répartition des charges,
  • Les modalités d’usage (location, entretien, gestion).

Cela permet de stabiliser la situation le temps de préparer une vente ou un rachat futur.

7. Particularités parisiennes : un marché où chaque mois compte

À Paris, la lenteur des successions coûte cher :

  • Les taxes foncières et charges de copropriété sont élevées,
  • Les travaux obligatoires (ravalement, toiture, ascenseur) tombent souvent pendant l’indivision,
  • Et le marché immobilier évolue vite — un bien bloqué peut perdre en liquidité.

D’où l’importance d’un accompagnement professionnel : notaire, avocat, agent spécialisé en successions et divisions immobilières.

8. Conseils pratiques pour éviter le blocage

  1. Faire appel à un notaire dès le début pour clarifier les quotes-parts.
  2. Faire estimer le bien par un professionnel reconnu pour éviter les fantasmes de valeur.
  3. Conserver une communication écrite entre héritiers.
  4. Documenter toutes les dépenses engagées pour entretien ou impôts.
  5. Ne pas retarder les décisions : un bien vacant ou mal entretenu à Paris perd rapidement de sa valeur.

9. Cas réel : un immeuble haussmannien dans le 16ᵉ

Quatre héritiers se partagent un immeuble familial de 8 lots, dont 3 loués sous loi 1948. Deux veulent vendre, un veut garder, le dernier bloque tout.

Après 18 mois de blocage, les deux majoritaires (détenant 70 %) ont pu, grâce à l’article 815-5-1, obtenir la vente par le notaire sans accord du dernier héritier. Résultat :

  • Vente à 6,5 M€,
  • Paiement des droits de succession,
  • Clôture d’un conflit de cinq ans.

Ce cas illustre combien une stratégie juridique maîtrisée peut débloquer des situations familiales lourdes.

La vente d’un bien en succession à Paris est souvent plus qu’une question de droit : c’est une question de mémoire et de dialogue. Entre attachement familial et réalités économiques, la tension peut être forte.

Mais la loi protège ceux qui veulent avancer : personne n’est condamné à rester prisonnier d’une indivision. Avec un accompagnement juridique et une stratégie patrimoniale claire, il est possible de sortir du blocage, valoriser le bien, et préserver le capital familial.

Et dans une ville comme Paris, où chaque mètre carré est chargé d’histoire, une succession bien gérée peut devenir une transmission réussie — et non un fardeau.